Pourquoi je me régale à regarder "Lucifer" ?
Parce qu’il parle de désir ?
Non, au début, c’était avant tout parce que c’est distrayant : une enquête de police avec sa résolution dans chaque épisode, ce truc méga cucul des deux personnages principaux qui se tournent autour sans se l’avouer, qui se plaisent, qui s’aiment, mais que tout oppose… et puis il y a toutes ces références bibliques/ mythologiques/ symboliques/ archétypales que j’affectionne.
Cerise sur le gâteau, ça ne me plombe pas, ça ne fait pas appel à mon cerveau (en première intention, haha).
Bref, tous les ingrédients d’un bon moment, bien loin des films ou des documentaires bons et intelligents, qui font appel à la partie de moi qui a envie d’être bonne-et-intelligente-et-responsable, blabla…
Et puis, d’épisode en épisode, je réalise mieux ce qui me plaît tant : le héros, Lucifer Morningstar, a un super-pouvoir : faire émerger le “vrai désir”, qu’il soit conscient ou, la plupart du temps, inconscient chez son interlocuteur.
What is it you truly desire ? C’est son “mojo”.
Quand il pose cette question, toutes les barrières cèdent, les désirs enfouis sont exprimés et c’est bien pratique lors d’une enquête policière : chercher le désir, de suspect en suspect, c’est s’approcher du mobile et trouver le meurtrier.
Les 50 nuances et intonations de son pouvoir infaillible, je m’en régale à l’avance !
Il m’inspire. Parce que tu sais quoi ? Du début à la fin d’un accompagnement, de la première à la dernière minute d’une séance, ou quasi, c’est de ça qu’il s’agit en coaching : ton désir. Oui, de TON désir, de ce que tu désires vraiment. Vraiment !
Pourquoi c’est un super-pouvoir si inspirant pour moi ?
Parce que nos désirs sont extrêmement bien cachés en fait.
Ils sont à la fois ce que tu (te) caches le mieux et ce qui te donne le plus d’énergie. C’est le trésor que le coach t’aide à chercher en toi.
Quel est ton vrai désir ?
Et pourquoi est-il si bien caché ?
Je me souviens bien de la première fois que j’ai “conscientisé” et ressenti l’effet physiologique d’un objectif/ projet/ désir fort : j’étais dans ma voiture, sur les routes du Lubéron, et je venais d’envisager de façon très claire, avec les sensations physiques associées (expansion, joie), de quitter le père de mes enfants.
C’est comme si la décision était superposée à l’idée, cause et conséquence à la fois.
S’en est suivi l’inévitable cortège de “harpies”, de pensées et croyances qui me racontaient toute mon éducation (non c’est pas possible, pas le droit, c’est mal, qui t’es, toi pour prendre ce genre de décision grave, etc.). Mais cette fois-là, ils n’ont pas réussi à se frayer beaucoup de place face à la surprise que j’éprouvais devant la sensation d’expansion ressentie 🙂
C’était un vrai désir, irrationnel, bien caché, qui, au moment même où j’en ai pris conscience, m’apparaissait comme une évidence.
Quelques minutes après (!), un ami de l’époque me proposait un job rémunéré et un logement de travail : gérante d’une vigne et petite maison dans la vigne.
C’était il y a 22 ans, et j’étais loin d’avoir l’outillage que j’ai aujourd’hui 🙂
Mais ça fait un précédent, un sacré ancrage, ce moment très fort.
4 croyances anti-désir
Tu as appris à ne pas désirer
L’éducation d’un être humain, c’est un formatage à NE PAS ressentir ça. En principe, à l’âge de raison (7 ans, haha…), on “sait” (on a déjà appris) que le désir est à réprimer, sous peine de (roulement de tambour) :
- se voir réprimander pour cause de caprice (et ça, c’est pas bien),
- ressentir de la frustration (et ça, c’est douloureux),
- se la péter (et ça, c’est très mal vu).
En bref, désirer, ça veut dire qu’on manque de tempérance, de discipline sur soi-même, d’humilité, de limites, de réalisme tout court.
Croyance #1 : “Il n’y en a pas pour tout le monde”
On associe prioritairement le désir à la possession ou “l’avoir” d’un objet, ou de quelque chose d’extérieur à soi, et par conséquent, “il n’y en aurait pas pour tout le monde”. Si j’ai ce que je veux, ça veut dire que j’en prive quelqu’un. Parce que nous sommes en compétition.
On apprend très vite quand on est tout petit, à l’âge où on veut manger le monde, avoir, tenir, absorber, qu’on “ne peut pas tout avoir”.
Pourtant, passé l’enfance et le manque objectif d’autonomie et de responsabilité qui lui est associé, je peux en principe désirer très consciemment, par exemple, passer du temps de qualité avec mes proches, avoir un job épanouissant, me sentir en paix ; ce qui n’a rien à voir avec avoir/posséder.
Mais, oups, trop tard, on est déjà formatés à désirer (et refouler) ce dont on est séparés (à l’extérieur) et à entendre qu’on ne peut pas “tout avoir”.
Croyance #2 : Ne pas combler un désir est une souffrance : la frustration
C’est vrai que c’est bien pratique, la “peine de frustration”, pour dissuader quiconque de désirer. D’ailleurs, la frustration n’est-elle pas la soeur jumelle de la peur de manquer ?
Et pourtant… si je ne prends que le désir sexuel, c’est plutôt doux à ressentir, non ?
Croyance #3 : La raison prime sur le désir
Tiens, voilà une couche supplémentaire du “je pense donc je suis” dont on est si bien imprégnés en occident (merci Mr Descartes).
Mmm, tu entends aussi, toi, l’absence totale de référence au corps ici ? Ce seraient donc tes pensées et pas tes ressentis, ton corps, qui t’informeraient du fait que tu existes ?
Du coup, les désirs, les pulsions, les émotions, bref, tout ce qui te met naturellement en mouvement, est à réprimer. C’est ça qui distingue un être humain d’un… animal.
Croyance #4 : L’élévation spirituelle
Les philosophies orientales nous encouragent à monter un cran “au-dessus” de nos pensées. Mouais.
Ça, c’est OK pour les orientaux qui sont au départ mieux outillés que nous question rapport au corps, mais pour la tribu des “cerveaux sur pattes” que nous sommes (nous autres occidentaux), c’est une ellipse… L’accomplissement de l’être humain passe autant par le rapport au corps que par la connexion à plus grand que soi.
En t’éloignant encore davantage de ton corps, tu t’éloignes encore davantage de ta vie, de ta vitalité, de toi ET de l’accomplissement spirituel.
Et les désirs autorisés
Mais alors, où va toute l’énergie associée à nos désirs ?
OK, comme on vient de le voir, elle est en grande partie refoulée (à l’intérieur).
Mais, coup de génie, elle est aussi en partie utilisée pour alimenter notre société, pour que tu travailles bien, afin d’avoir de quoi acheter des trucs.
Notre éducation nous apprend aussi à reporter nos désirs essentiels, profonds, alignés, sur des “objets de désir”.
Une montre avant 50 ans pour les hommes, des escarpins Louboutin pour les femmes… et puis des yaourts pour fondre de bonheur, une assurance-vie pour être en sécurité, l’accession à la propriété, etc.
Et vive la société de consommation
Ainsi, le monde tourne rond : tu réprimes tes vrais désirs intérieurs (et uniques) et tu les reportes sur l’extérieur vers tous ces objets de désir que tes références culturelles te proposent comme indispensables à ton bonheur.
Des objets de désir pas trop énormes (sinon gare à la frustration) et pas trop petits (sinon gare à la frontière avec la survie). Avec tout ce que tu es encouragée à ressentir : la peur de manquer ou l’avidité, qui te connectent à ce que tu ne possèdes pas.
Ton vrai désir reste ainsi bien caché, comme un trésor au fond de toi. Car c’est un trésor.
Tu commences même à penser que le bonheur s’achète. Tu désires tellement l’acheter que tu mobilises toute ton énergie vers un seul objectif : avoir + d’argent (pour être plus heureuse). Et petit à petit tu oublies que c’est “pour être plus heureuse”. Tu oublies que le bonheur est gratuit. Tu oublies ce trésor au fond de toi, ton vrai désir.
Ça me fait penser à cette légende hindoue :
“Il était une fois un temps où tous les hommes étaient des dieux, mais ils abusèrent de leur pouvoir, alors le dieu créateur Brahma décida de leur enlever ce pouvoir et de la cacher quelque part, là où ils ne pourraient jamais le trouver. À l’intérieur d’eux-mêmes… “
Puis à cet article “Ta boite aux trésors”.
Et je ne résiste pas à te proposer la vidéo d’Elina Unleashed “Celle qui avait des désirs”.
Dans un prochain article, je te proposerai quelques pistes pour te connecter à tes désirs et observer ce qu’il se passe lorsque tu les écoutes enfin 🙂
En attendant, si tu le souhaites, dis-moi en commentaires (ci-dessous) quelle place tu donnes à tes désirs dans ton quotidien. Ça m’intéresse 😉
2 Responses
Je ne me suis jamais vraiment posé la question de ce que je désire vraiment je fait passer ma famille avant moi et je ne serait pas répondre à cette question pour l’instant ce qui m’importe est de trouver un local et m’en sortir financièrement
Merci Sandra de mentionner cette difficulté à “savoir” ce que tu désires vraiment. Effectivement, nous apprenons à donner la priorité à la sphère professionnelle et/ou familiale !