Depuis quelques temps, dans le nuage de mots qui m’accompagne, ces deux mots SOBRIÉTÉ et ABONDANCE m’appellent et en convoquent d’autres que je connais bien : AVIDITÉ et PEUR DE MANQUER.
Ensemble ils se mettent à danser, entrent en conflit, demandent des arbitrages, comme des enfants qui se chamaillent.
J’ai fini par me poser tranquillement pour mieux leur prêter attention.
Le goût des mots
La première étape, mon grand plaisir, a été de fouiller les dictionnaires et convoquer l’univers de chacun, leurs définitions, étymologies, synonymes.
Qu’est-ce qu’ils nous racontent ?
À quoi font-ils appel dans nos imaginaires ?
La sobriété est associée à (tadam 🥁…)
l’abstinence,
la chasteté,
le renoncement,
la continence, la sévérité, la modération, la parcimonie (elle même très proche de la radinerie, de la mesquinerie), et de la vertu (tiens tiens… ), et j’en passe.
Hum… voilà pourquoi la peur de manquer s’était invitée dans le nuage de mots non ? Une belle peur, associée à la pauvreté et teintée de retour en arrière, incompatible bien entendu avec la modernité et la sainte croissance (cf. la polémique levée par E. Macron agitant l’épouvantail du style de vie des Amish pour défendre la 5G).
L’abondance, elle,
est associée au plaisir, à la gourmandise, la richesse, l’exubérance, l’accumulation, la fortune, le luxe, la multitude… et la bénédiction (tiens tiens bis…).
Hum, voilà pourquoi l’avidité s’est invitée… Cette abondance que nous désirons tant dans nos vies, et que nous avons appris à relier à l’argent dont nous disposons, à notre richesse (financière) et à notre pouvoir d’achat.
L’avidité est une peur aussi, c’est la soif du “toujours plus, jamais assez”, c’est l’axiome de base de notre société de consommation, c’est le pilier de la nécessaire croissance du capitalisme.
Sobriété VS Abondance, un choix impossible ?
Si comme moi tu te sens concernée par la nécessité de mettre un frein à la surconsommation, collectivement et… individuellement,
si tu es plutôt éco-anxieuse, écolo-consciente, décroissante, anti-capitaliste, soucieuse d’un changement de paradigme :
le grand risque, c’est de renoncer à l’abondance pour toi, pour tes projets, pour tes valeurs !
Ce plongeon dans les imaginaires liés à ces mots était fécond. Il m’a rappelé que :
- J’ai beaucoup relié inconsciemment l’abondance à trop, et je l’ai associée à ce qui dysfonctionne totalement dans notre monde : une richesse outrancière qui s’offre en spectacle, son aveuglement quant aux conséquences, et son intempérance (définition ici).
- La richesse, l’abondance, la sobriété, sont des notions très fortement imprégnées de la morale judéo-chrétienne (ou en tout cas monothéiste) qui irrigue notre vision du monde.
- La richesse telle qu’elle nous est montrée depuis trop longtemps, et même si on la sait “mal utilisée” et néfaste pour la planète (culpabilité !), est quand même plus désirable que la sobriété, même vertueuse.
Un péché d’intempérance bien coupable, VS une sobriété disciplinée et vertueuse ?
Miam miam, ça fait envie pas vrai ?
Une grille de lecture ARGENT ?
J’ai réalisé que nos mots sont colonisés par cette grille de lecture “argent = croissance = pouvoir = richesse” :
- parler de DÉ-croissance, c’est toujours convoquer la croissance,
- parler d’ANTI-capitalisme, c’est toujours parler de capitalisme.
Notre façon de décrire le monde est articulée autour de ces concepts. L’économie, science sociale au départ, revendique le statut de science exacte, la comptabilité est gravée dans le marbre, la croissance infinie est une évidence non questionnable, ta richesse, ta sécurité et tes capacités se mesurent en euros.
Culturellement, collectivement et individuellement, nous avons adopté et intégré cette grille de lecture jusqu’à ne plus avoir de mots, de concepts, de récits qui nous permettent d’ouvrir les fenêtres et de laisser entrer un peu d’air frais.
Pourtant, dans le fond des définitions et des listes de synonymes, on peut trouver d’autres mots plus sexy associés à la sobriété : simplicité, tact, délicatesse, mesure 😌
et ceux-ci pour l’abondance ou la richesse : plénitude, fécondité, aisance, profondeur 🙂
Ils dessinent d’autres projets !
Pour une autre richesse ?
Je suis régulièrement émerveillée de la joie enfantine des clientes qui découvrent leurs richesses autres que monétaires avec un exercice que je leur propose : le patrimoine immatériel.
J’ai revisité mes classiques, notamment ce très cher Bernard Lietaer, qui m’a soufflé ceci :
le remède se trouve dans une troisième voie !
Pour changer de paradigme, de grille de lecture, inventer d’autres possibles, nous pouvons nous relier à la part yin de la monnaie, et transformer en profondeur notre relation à l’argent. Tu peux te rendre ici pour en savoir +
Nous pouvons nous relier à la partie Yin de l’argent
L’argent yin, c’est celui qui circule en conscience, pour mon plus grand bien et pour le plus grand bien de tous :
- avec ce que gagne, je peux prendre soin de moi et des miens, de mes besoins, de mes désirs et de mes projets,
- mes valeurs impactent la société à travers chacun de mes achats,
- mes investissements favorisent le monde que je souhaite à mes enfants, demain.
Je parle à toutes celles et tous ceux que l’argent d’aujourd’hui “écœure” et qui se trouvent pris dans ces choix impossibles. Ma mission : leur proposer une autre richesse, une relation à l’argent neutre, dépouillée de ses contradictions, une prospérité sereine et constructive.