Le terrain du désir : quel désir ?
“Il faut battre le capitalisme sur le terrain du désir” dit Alain Damasio
oui, le désir, l’élan, la joie vitale, le souffle, ce qui nous garde en vie, nous met en mouvement et nous donne l’énergie du prochain pas !
Je suis à 90% d’accord avec lui !
Parce que notre société de consommation excite l’envie, en 4×3 sur les murs, sur les écrans, avec des désirs prêts à porter, quotidiennement remplacés par d’autres, tout neufs, plus sexys,
et nous met en compétition pour les acquérir, au risque (terrible)… d’échouer et de ressentir de la frustration,
ou de ne pas 𝑓𝑎𝑖𝑟𝑒 𝑝𝑎𝑟𝑡𝑖𝑒 de ceux qui ont réussi à obtenir l’un de ces nouveaux objets de désirs.
Le terrain du désir est 𝒄𝒐𝒍𝒐𝒏𝒊𝒔𝒆́, dominé, par ces désirs qui s’achètent.
Et cette colonisation est nécessaire pour que nous autres humains continuions à dé-penser : pour consommer, nous allons emprunter et ainsi créer de la monnaie, participer à la croissance, nécessaire pour que durent la société de consommation et le capitalisme.
Nous voilà donc submergés de désirs préfabriqués… au point d’en oublier, d’inhiber les autres : plus subtils, ils ne crient pas dans nos oreilles, n’impactent pas nos yeux du matin au soir.
Le désir de liens féconds, de solitude ressourçante, de beauté gratuite, de rencontres sans transactions, de plaisirs improductifs,
celui de ramasser des abricots, d’écouter un oiseau, de mettre les mains dans la terre ou les pieds dans l’eau,
de se lancer dans un projet rêvé, d’y croire, vraiment,
et 𝒅𝒆 𝒔𝒆 𝒔𝒆𝒏𝒕𝒊𝒓 𝒗𝒊𝒗𝒂𝒏𝒕, en lien, 𝒄𝒂𝒑𝒂𝒃𝒍𝒆 et à sa place, unique et indispensable.
Combien d’entre nous, ici, aujourd’hui, s’autorisent, ressentent et nourrissent au quotidien des désirs ou projets qui leurs sont essentiels, personnels, vibrants, 𝒅𝒆 𝒄𝒆𝒖𝒙 𝒒𝒖𝒊 𝒂𝒄𝒄𝒓𝒐𝒄𝒉𝒆𝒏𝒕 𝒅𝒆𝒔 𝒆́𝒕𝒊𝒏𝒄𝒆𝒍𝒍𝒆𝒔 𝒂̀ 𝒍𝒆𝒖𝒓𝒔 𝒚𝒆𝒖𝒙 𝒒𝒖𝒂𝒏𝒅 𝒊𝒍𝒔 𝒆𝒏 𝒑𝒂𝒓𝒍𝒆𝒏𝒕 ?
Bien souvent, en accompagnement, c’est d’abord de ça qu’il s’agira : réactiver la capacité à désirer, et l’énergie qui va avec.
Parce que la sensation d’accomplissement (ou d’être nourrie) d’un désir de consommation est fugace : bien souvent c’est un petit shoot de dopamine (j’ai satisfait un besoin primaire, celui d’avoir un impact sur mon environnement, ou de nourrir mon appartenance au groupe social, ou d’éviter une émotion désagréable etc.). Et la dopamine est est l’hormone du plaisir immédiat, elle est addictive 😉
Alors que la sensation d’accomplissement d’un désir essentiel libère une autre hormone : la sérotonine, l’hormone du bonheur, de la sérénité, de la joie.
une transition douce pour sortir d'un capitalisme destructeur
▶ Pourquoi je ne suis d’accord QUE à 90% avec l’affirmation citée plus haut ?
Parce que 𝑏𝑎𝑡𝑡𝑟𝑒 est un mot guerrier.
Et si je suis d’accord sur le fond, et sur le projet encore davantage 😋
j’ajoute,
𝑝𝑜𝑢𝑟 𝑑𝑒́-𝑏𝑎𝑡𝑡𝑟𝑒,
que la seule arme dont nous avons besoin est vivante et délicieuse, nous avons tous la chance de l’habiter :
𝓾𝓷 𝓬𝓸𝓻𝓹𝓼.
Et la seule compétence, qu’il est possible d’améliorer (à l’infini !) :
𝓻𝓮𝓼𝓼𝓮𝓷𝓽𝓲𝓻.
Voilà tout l’en-𝒋𝒆𝒖 : ressentir ce corps qui, lui, sait très bien si nos désirs vivants sont nourris et comment ils pourraient l’être.
C’est aussi le sens que je donne à mon message : ré-apprendre à écouter nos besoins, nos valeurs, nos désirs profonds, c’est une belle clé, puissante et libératrice, pour initier une transition devenue nécessaire,
et en douceur !
Lire l’interview d’Alain Damasio sur Reporterre et sur Substack, l’article de Geronimo “Brad Pitt vs Adam Smith” qui parle des nouveaux récits.
Lire ici l’article “Quel est ton vrai désir“